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Théâtre immersif

Le public entre dans l’histoire — et devient acteur du récit.


Le théâtre immersif bouleverse les rôles habituels. Ici, les spectateurs ne sont plus assis dans l’obscurité d’une salle à observer une scène à distance. Ils sont au cœur de l’action, immergés dans un espace qui devient tout entier théâtre, et dans une fiction qui les inclut pleinement. Ils écoutent, regardent, traversent, choisissent, interagissent. Ils deviennent complices, témoins actifs, parfois même personnages.

Ce genre suppose un rapport direct entre acteurs et public, une attention particulière portée à l’espace, au rythme, à l’intimité. Il peut se déployer dans des décors naturels ou scénographiés, dans un palais, une usine désaffectée ou un labyrinthe de coulisses. Il mélange souvent théâtre, performance, installation, jeu et improvisation.

Parmi nos réalisations les plus marquantes : Optimus Mundus, un spectacle polyphonique et interactif mis en scène par Arseniy Epelbaum, inspiré des textes de Pouchkine, Shakespeare et Ostrovski, et de la musique de Mozart et Tchaïkovski. Ce projet se situe à la croisée du théâtre psychologique, du happening et de l’installation immersive.
Ce spectacle a été nomine aux Prix Nationaux du Théâtre (Russie) dans la catégorie « Expérimentation ».

Le spectacle commence bien avant le lever du rideau. Les spectateurs sont accueillis par des guides munis de lanternes, invités à se déchausser, à enfiler des pantoufles, puis séparés en petits groupes. Chaque groupe est conduit en secret dans un labyrinthe de décors de théâtre — entre entrepôt, coulisses et palais de l’imaginaire. À partir de là, chacun vit une version différente du spectacle, guidé par son propre « passeur », qui devient peu à peu un personnage central.

Le spectateur s’égare, frôle des murs mouvants, surprend des scènes jouées en parallèle, croit reconnaître un fragment de Pouchkine ou une cadence de Mozart, mais tout bascule. Le spectacle se déroule simultanément en plusieurs lieux : un même acteur peut apparaître à deux endroits à la fois, pour deux groupes distincts, jouant deux rôles liés. Au fil du parcours, le spectateur comprend qu’il n’assiste pas à une pièce — il est plongé dans un monde parallèle, un théâtre quantique et sensoriel.

Les mises en scène sont à la fois audacieuses, ludiques et troublantes. Voici un groupe de spectateurs mené discrètement sur un balcon — en contrebas les attend Roméo, prêt à déclarer son amour. Là, une statue s’anime : le Commandeur sort de sa torpeur pour confronter Don Juan. Et plus loin, tous doivent grimper dans un lit géant — un rêve collectif où, dans une scène de jalousie tragique, Othello confond un spectateur avec Desdémone et l’étrangle accidentellement.

Autre expérience immersive que nous avons conçue : la reconstitution d’un banquet à la cour de Catherine II, imaginée pour un événement privé. Dans un véritable palais, les invités, costumés et guidés, entraient dans une scénographie historique méticuleusement recréée. Un petit écouteur leur soufflait à l’oreille leurs instructions — répliques, gestes, déplacements — leur permettant de jouer un rôle dans une intrigue à la fois documentaire et romanesque. Une immersion totale dans une époque révolue, recréée avec précision et malice.

Ce théâtre-là ne se contemple pas — il s’éprouve.

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